CATASTROïKA // les rouages diaboliques de la dette grecque

Aris Chatzistefanou et Katerina Kitidi, les créateurs de Debtocracy, un documentaire sur l’histoire de la dette grecque vu par des millions d’internautes à travers le monde, viennent de sortir, jeudi 26 avril, leur nouvelle production : Catastroika, un film co-produit par le public, et qui peut être visionné gratuitement sur Internet.

Le documentaire, présenté par ses réalisateurs comme une source alternative d’information, revient sur les effets des privatisations dans plusieurs pays développés et sur ce qui attend la Grèce. Le pays est, en effet, sommé par la Troika (BCE/UE/FMI) de lancer un programme de privatisations afin d’alléger le poids énorme de sa dette. Les parts détenues par l’Etat dans les compagnies des eaux (Eydap-Eyath), pétrolière (Helpe), des Jeux (Opap), du groupe gazier (Depa) ont déjà commencé à être cédées à des groupes privés.

Le processus de privatisation est décortiqué par les journalistes. Selon eux, tout commence par une attaque du gouvernement et des médias contre les fonctionnaires, accusés de tous les déboires financiers du pays. Ensuite, les organismes publics sont volontairement laissés à l’abandon par l’Etat. Qui, enfin, vend ces entreprises publiques à un prix sous-évalué.

En Russie post-soviétique, en Allemagne de l’Est lors de la réunification, en Grande-Bretagne sous Margaret Thatcher, cette “méthode” a conduit à l’explosion du chômage et à une baisse de la qualité des services proposés.

La Grèce, rat de laboratoire de l’Europe ?

Interrogé dans le documentaire, Naomi Klein, journaliste canadienne, auteure de “la stratégie du choc” estime, quant à elle, que “ces politiques de libéralisation de l’économie ne sont pas liées à la démocratie. C’est des politiques qui ont été menées initialement par des dictatures”, notamment par Augusto Pinochet au Chili. Dès lors, la thèse défendu dans le film est que la crise financière nuit gravement à la démocratie.

Le philosophe Slavoj Zizek, lui, soutient que la Grèce est utilisée comme un rat de laboratoire pour le reste de l’Europe dans les domaines financier et politique. Un nouveau type de gouvernement d’apparence démocratique, mais en réalité autoritaire, est testé en Grèce. Les politiciens soumis aux puissances financières mettent en place des mesures catastrophiques pour les peuples et brident leur capacité à se soulever. Luis Sepulveda et Ken Loach interviennent aussi dans le documentaire.

D’après les auteurs du film, le manque de volonté politique contribue à la destruction des services publics. Car, les privatisations répondent moins à des exigences économiques qu’à des positionnements idéologiques. Ainsi, rappellent-ils, la gestion de l’eau, à Paris, avait été confiée sous Jacques Chirac à un duopole, Suez et Veolia. Au changement de majorité à la mairie en 2001, la gestion est redevenue publique et les prix ont baissé.

Le message final adressé au peuple grec par les intervenants: “Résistez”!

source : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/catastroika-le-film-militant-sur-les-ravages-des-privatisations_1109257.html


 

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