Un motel miteux dans un bled paumé du Colorado. C’est ici que le journaliste David Dufresne et le photographe Philippe Brault ont établi leur camp de base pour enquêter sur l’industrie de la prison. C’est ici que, chaque week-end, les familles de détenus se pressent dans l’attente d’un parloir. C’est ici que l’internaute doit s’enregistrer (chambre n° 12) pour visiter, dans le comté de Fremont, les bourgades de Cañon City et de Florence, leurs 13 pénitenciers, leurs 7 700 détenus pour 36 000 habitants. Il ne sera pas aisé de s’attarder sur les conditions de vie des prisonniers (impossible de recueillir leurs témoignages), mais il sera possible d’explorer les enjeux politiques et économiques de l’incarcération de masse (aux Etats-Unis, un habitant sur 100 est enfermé) à travers photos, vidéos, cartes, musique et textes, présentés sous diverses formes (articles, documents, statistiques, interviews, port-folio…)
Produit par Upian et Arte, déjà à l’origine de Gaza/Sderot et de Havana/Miami, Prison Valley est un webdoc d’une ambition et d’une ampleur inégalées. Il offre une inépuisable richesse documentaire articulée autour d’un récit linéaire. Il se décline sur de multiples supports – site web, blog, réseaux sociaux, iPhone, livre (à paraître en septembre), télévision (diffusion d’une version de 60 minutes le 12 juin). Enfin, la sacro-sainte interactivité ne s’y réduit pas à un gadget : outre la possibilité de dialoguer entre visiteurs, Prison Valley offre celle d’interroger les auteurs et les personnages du film et donne rendez-vous pour des tchats avec des personnalités françaises et européennes (représentants d’institutions ou d’associations). Car, à travers ce « road-movie participatif », les auteurs entendent éveiller les consciences et susciter le débat sur l’industrialisation de notre propre système carcéral. (texte source Télérama)